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Zig-Zags dans la Savane...
13 septembre 2012

Jean-François Zygel présente David Hykes (Chant harmonique)

 

 

 

   "La contrainte ne s'exerce que dans la recherche de l'équilibre et de la fusion entre les instrumentistes. En préservant l'intime sur le déclaratif, Zygel nous enchante. Improvisations captivantes.

 

4 jours passés en totale autarcie, coupés du monde, dans une salle parisienne donnent ce récital improvisé, unique qui reflète les mondes intérieurs, magiciens du pianiste et donc, compositeur, Jean-François Zygel.

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A contrario de l'album jubilatoire, d'un même genre, signé Karol Beffa, paru au même moment (juin 2008) qui reste en solo, le clavier de maître Zygel s'accompagne de complices, spéculateurs identiques en phase, sur les modes en résonances, jonglant avec le murmure, l'énigmatique, le nuageux, le brumeux, le flottant aussi et même la transparence liquide, tant les 5 premières impros s'inscrivent dans l'esprit d'un paysage de pluie.

Bourdonnement du clarinettiste Philippe Berrod, chants d'oiseaux plus vrais que les vrais (Johnny Rasse et Jean Boucault dans "après la pluie" justement), vibrations de Thomas Bloch (harmonica de verre).

On sait le talent du pianiste Zygel accompagnateur des images, pour le cinéma muet: prenez par exemple, le remarquable dvd L'Argent de Marcel L'Herbier réédité par Carlotta films, pour lequel Jean-François Zygel signe la bande musicale d'une efficacité impeccable. Ici, rien de tel: aucun support visuel pour que naisse la magie du son.

Dans la lumineuse notice pourtant dédiée à l'explicitation de la genèse du fait improvisé, Zygel soi-même reconnaît qu'improviser relève d'une gageure qui se fait "dédoublement": "Quand on improvise, il faut être à la fois à son affaire et ailleurs, comme dédoublé...".

Les climats esquissés brossent un cycle de visions évanescentes où l'énnoncé plus murmuré que proclamé, insiste sur l'incertitude des ces mondes parallèles et simultanés. Le très proche, le lointain; le présent et l'absent; l'impact et son onde ou sa résonance... l'univers musical ainsi improvisé fait perdre pied, hors du temps et du parfaitement conscient.

_JF_Zygel_Hors du temps rentabilisé et mesuré: suspension recréative d'une mémoire libérée qui (se) joue par réminiscences et réitérations ("giboulées").

Césure totale ensuite avec "course", entraînée dans une gradation dramatique plus évidente (9 minutes). Poésie allusive et tragique ("chambre noire": mariage sombre du célesta et du piano), dédoublement de "Carillons" (repris dans le dernier épisode: "Epiphanie"), duo inquiétant (célesta, clarinette de "Bali"), plus détendu (piano, clarinette de "Romantique")... chaque épisode est un voyage intérieur.

On aime ce geste toujours fin et suggestif, cette science des climats qui naît des alliages de timbres réussis. La connivence du pianiste et de ses acolytes est en tout point idéale.

La contrainte ne s'exerce que dans la recherche de l'équilibre et de la fusion entre les instrumentistes. En préservant l'intime sur le déclaratif, Zygel nous enchante. Improvisations captivantes.

Jean François Zygel: Improvisations (2006). Jean-françois Zygel (piano et célesta), Philippe Berrod (clarinettes), Thomas Bloch (harmonica de verre), Johnny Rasse et Jean Boucault (chants d'oiseaux)."

Parution: juin 2008

TexteGuillaume-Hugues Fernay  

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